Je m’étais déjà fait l’écho l’année dernière du comparatif de 60 millions de consommateurs, un comparatif que j’avais trouvé étonnant et déroutant. C’est avec curiosité que cette encore je me suis plongé dans 60 millions de consommateurs et Que choisir pour découvrir leur test comparatif. Comme l’année dernière, les résultats sont assez surprenants.
Sommaire
Champagne Brut Charles Laffite : 14/20
Commençons avec Que choisir. Le mensuel ne s’est intéressé qu’aux bruts sans année vendus moins de 30 € et a été faire ses courses dans 6 magasins (1 hard-discount, 4 supermarchés et Lavinia) de Paris et sa région. Du côté du jury, Que choisir a fait confiance à l’association Culture et Goût, installée à Sartrouville, et composée de plusieurs dégustateurs amateurs et d’un professionnel, Eric Verdier. Avant cet article je n’avais jamais entendu parler de cette association et je trouve un peu surprenant de faire confiance à des dégustateurs amateurs pour noter et classer des vins dans un tel magasine. Toujours est-il que le journal désigne le Brut Grande Cuvée de la maison Charles Lafitte grand vainqueur de cette dégustation avec la note de 14/20. En effet aucune cuvée ne mérite aux yeux de Culture et Goût une note supérieure à 14/20. Suivent quelques cuvées notées 13,5/20 comme le Carte Jaune Veuve Clicquot ou le Brut Réserve Charles Heidseick.
L’effet ventre mou
Mais si l’on regarde de plus près, le tir est finalement très groupé puisque sur les 60 cuvées dégustées, 49 obtiennent une note comprise entre 11 et 14 sur 20, et si on réduit un peu la fourchette, 30 cuvées (sur 60 je le rappelle) se voient attribuées une note située entre 12 et 14 sur 20. Difficile dès lors de parler de choix, de classement, et même de notation, puisque si tout le monde à la même note à 1 ou 2 points près, que vaut cette note ? Finalement on ne retient que ceux qui ramènent une note inférieure à 10, ils ne sont pas nombreux puisque l’on en compte que trois. A noter le petit encadré présent sur la droite de l’article qui présente 5 cuvées à plus de 30 €, rassurez-vous pas de bouleversement dans la méthodologie, les notes se situent toutes entre 11 et 13 sur 20. Le Special Cuvée Bollinger montant sur la première marche, tandis que le Brut Premier Roederer conclut ce prix (plus de 30 €) spécial du jury de Culture et Goût.
Carte Jaune Veuve Clicquot : 14,5/20
Du côté de 60 millions de consommateurs, on a divisé en 3 parties l’article, avec d’un côté les Bruts sans année, de l’autre les Champagnes rosés, et au milieu les Millésimés. Le jury semble plus costaud que celui de son concurrent puisque l’on y trouve uniquement des professionnels (œnologue, sommelier…) mais aucune star de la profession comme un meilleur sommelier du monde, un meilleur ouvrier de France ou le chef sommelier d’une table étoilée comme Patrick Borras le sommelier de Plus de Bulles. Chez les BSA c’est la Carte Jaune Veuve Clicquot qui se hisse sur la première marche avec une note de 14,5/20 (noté 13,5/20 par Que Choisir), suivie par la Cuvée Réservée Veuve Emile avec 14/20 (12/20 chez Que Choisir). On peut donc trouver une certaine similitude dans les choix des deux magasines de consommateurs, ce qui dénote malgré tout d’une certaine qualité dans la dégustation. On retrouve néanmoins dans ce classement le syndrome ventre mou avec des notes là encore très majoritairement situées entre 13 et 11, et des appréciation qui portent aux nues un champagne noté 13 et qui assassinent un autre noté 11. Ainsi noté 12,5 le Brut Lanson est un champagne « plaisant », tandis que le Brut Taittinger (11,5/20) est « tout juste acceptable »… Un seul point les sépare, mais l’un est au paradis quand l’autre est en enfer. Est-ce bien sérieux ? Même syndrome du côté des Champagnes Rosés et des cuvées Millésimées (2000 et 2002).
Muscle ton jury
Sans dénigrer aucunement le droit à ces magasines comme à n’importe quel autre journal et finalement à n’importe qui, de déguster, noter puis classer un champagne, je me pose la question de la pertinence de ces deux articles. Pour celui de Que Choisir, je peux comprendre le partie pris : 60 bouteilles achetées en supermarché (et chez Lavinia, qui est finalement une grande surface du vin) à moins de 30 euros. Les critères de choix sont clairs : prix et disponibilité en GMS. Pourquoi pas, même si justement dans une catégorie relativement bien définie comme celle-ci, on pourrait imaginer des notes allant bien au-delà de 14 (et d’autres allant bien au dessous) puisqu’il ne s’agit pas de comparer ces champagnes avec un Dom Pérignon ou une Fleur de Passion Diebolt-Vallois. Il faudrait aussi songer à muscler un peu le jury.
60 millions teste le Champagne avec un grand C
Chez 60 millions de consommateurs par contre, on ne sait pas vraiment comment les champagnes ont été choisis, et surtout le journal indique que « quand une note était éloignée des autres d’au moins 5 points, nous ne l’avons pas prise en considération afin d’avoir des synthèses qui reflétaient au plus près des appréciations majoritaires de nos dégustateurs ».
Voilà ce qui explique en partie l’effet ventre mou, et surtout qui relativise toute la confiance qu’a le journal en ses dégustateurs, si on ne dit pas comme les autres on n’est pas écouté…
C’est pas encore cette année que ces deux journaux de consommateurs pourront rivaliser avec le classement de la RVF (qui n’est d’ailleurs pas parfait, mais quel classement peut l’être ?)
Marie Servagnat a participé à la création de la société en 2007. « L’idée de lancer un site de vente de champagne sur Internet m’est venue assez naturellement, car je trouvais déjà régulièrement des cuvées avec un rapport qualité/prix imbattable pour des amis et des collègues. Grâce à mon père et à mon grand-père, deux courtiers en vin de champagne, je connais très bien les viticulteurs et les Grandes Maisons de Champagne ». Aujourd’hui, elle est chargée des relations avec le vignoble et dirige La Cave à Reims.